« La vie est belle, l'amour est beau, la nature et la musique sont belles. Chaque chose est un présent. » Alice Sommer Herz
On pense à Alice Sommer Herz avec affection. Pour des centaines de milliers de personnes, elle est à la fois une philosophe et une sainte. Sa sagesse transparaît de fait dans presque chaque mot qu'elle profère. Sa faculté unique de tolérance et de compassion est une preuve de son sens du pardon. Nées en 1903, elle est la deuxième personne la plus âgée vivant à Londres, où elle habite seule dans un petit appartement et joue du piano chaque jour, durant deux heures et demi.
Emprisonnée par les nazis dans un camp de concentration avec son fils de six ans, elle se rappelle son incapacité à nourrir son enfant et à répondre à ses questions : un véritable cauchemar. Elle se souvient également d'avoir joué plus d'une centaine de concerts lorsqu'elle était récluse dans le camp, et décrit cette expérience comme proche du divin, tant pour l'interprète que pour les auditeurs. Le fait que l'a musique l'a sauvée, ainsi que des centaines d'autres prisonniers, ne fait aucun doute.
Dans ce film, Alice Sommer Herz s'entretient avec Christopher Nupen sur toutes ces choses. Soumise dans sa vie à une souffrance que nul être humain ne devrait avoir à même imaginer, notamment à l'assassinat de sa mère et de son mari par les nazis, elle parle pourtant de ses expériences avec la plus grande simplicité, et une tranquillité émouvante. Elle n'a jamais haï, dit-elle, et ne haïra jamais. Pas même son enfance à Prague, au beau milieu d'une guerre permanente entre trois cultures (tchèque, allemande et juive), n'a pu pervertir ses sentiments. Pas même les nazis.
À l'âge de 104 ans, Alice publie son autobiographie. Pour ainsi dire, deux écrivains ont prêté leurs plumes à un livre issu de centaines de conversations qui auront duré près de trois ans. Baptisée Un Jardin d'Eden en enfer, l'œuvre devient rapidement un best-seller et deux ans plus tard, elle est disponible en sept langues. Gigi Sommer est également l'héroïne du film We Want The Light, maintes fois primé.
« Pour moi, cela ne fait aucun doute que Gigi Sommer était la source de tous ces prix. Ça n'est pas de fausse modestie de ma part. Je ne nie pas le talent et le travail que mes collègues et moi avons mis au service de ce film, mais sa force suprême, l'élément qui l'a fait monter si haut, provenait selon moi de notre star âgée alors de 98 ans. »
Christopher Nupen