La pétillante soprano Sonya Yoncheva endosse pour la première fois le rôle-titre aux côtés du convoité ténor Piotr Beczała. Le légendaire ténor Plácido Domingo s’est, lui, glissé dans la peau du père de Luisa Miller. Il continue, sous Verdi, à explorer le répertoire du baryton.
« Même en devenant ténor, j’ai toujours pleinement admiré ce compositeur et sa musique, cette musique incroyable qu’il nous permet de chanter. Je me disais : Mon Dieu, Verdi honore aussi le baryton ! Alors je profite de ce qu’il a écrit, aussi, pour ce répertoire là, » explique le ténor.
« Je sortais d’un grand rôle de Diva dans Tosca. Luisa semblait si innocente, trop innocente... Puis petit à petit, j'ai commencé à l'aimer et à adapter ma voix, » raconte Sonya Yoncheva.
Cet opéra marque un moment de transition dans la carrière de Verdi. Il est considéré comme une porte d'entrée vers les œuvres révolutionnaires qu’il composera plus tard, comme Rigoletto ou La Traviata.
Pour Piotr Beczała : « Cet opéra est vraiment bien pensé, psychologiquement et dramatiquement. Verdi était vraiment un homme de théâtre. Il n'a pas seulement composé puis sorti une œuvre. Sa musique a toujours servi le théâtre. Comme c’est le cas pour de nombreuses créations de Verdi, le lien père-fille déchiré par un amour impossible est au cœur de l’opéra Luisa Miller. »
« Presque, à chaque fois, c'est l'histoire d'un triangle amoureux, d'un amant, d'une femme et de son père, cette figure protectrice. La plupart du temps, il existe, entre eux, une très forte relation affective, » ajoute Piotr Beczała.
« Malheureusement, au cours de sa vie, Verdi a perdu sa femme et ses deux enfants. L’une des musiques les plus touchantes se joue entre la fille et son père. On l'entend chez Rigoletto, on l'entend chez Simon Boccanegra et ici dans Luisa Miller, » explique Plácido Domingo.
« Elle accepte complètement le fait que la mort est une nouvelle étape dans l'amour. Elle s'est convaincue elle-même ainsi que son amant Rodolfo que mourir était le seul moyen pour être ensemble, » raconte Sonya Yoncheva.
« A la fin de ses opéras, Verdi infuse toute son inspiration, toute la beauté des mélodies... On ne peut pas retenir ses larmes quand on chante cette musique, » conclut Plácido Domingo.