Né en Bulgarie en 1962, le pianiste Émile Naoumoff débuta son apprentissage de l’instrument à l’âge de 5 ans. Lorsque l’étendue de son talent devint évidente, sa mère traversa le rideau de fer avec lui, afin de l’emmener à Paris où il devint, à huit ans, le dernier élève de la plus grande professeure de piano du siècle dernier : Nadia Boulanger, de 75 ans son aînée, et dans plus d’un aspect une figure du XIXe siècle habitant le XXe.
Naoumoff, qui vécut pendant dix ans sous la tutelle de « Mademoiselle » Boulanger (surnom qu’il lui donne encore à ce jour), nous raconte l’impact de cette figure exceptionnelle sur sa vie de musicien, d’enseignant, et d’être humain. Bien qu’elle ait pu être, d’après Naoumoff, presque « Stalinienne » dans son attention au détail, sa capacité à combiner « enthousiasme et rigueur » est une qualité que Naoumoff n’a trouvée chez aucun autre enseignants après la mort de Boulanger. « En jouant les concerts souvent j’ai l’impression de lui parler », ajoute-t-il, songeur...