L’hommage de la Philharmonie de Paris à Claudio Abbado – décédé début 2014 – était à du talent du célèbre chef d'orchestre.
Au programme : la Cinquième symphonie de Mahler et le Troisième concerto pour piano de Prokofiev avec la participation de Martha Argerich, artiste si chère à Claudio Abbado.
Martha Argerich : « Mon premier disque, c‘était avec lui »
Elle revient pour nous, sur leur première rencontre : « Il était venu pour la classe de piano de Friedrich Gulda, confie-t-elle. À l‘époque, il jouait très bien du piano : quand on était chez Gulda à Salzbourg, il a dû jouer à la fin du cours parce qu’il était l’un des meilleurs, je crois que je l’ai accompagné au deuxième piano, » précise-t-elle.
« Le premier disque que j’ai fait, poursuit la pianiste argentine naturalisée suisse, c‘était avec lui, j’ai pensé à lui tout de suite : il était tellement spécial. Mais j‘étais toujours calme quand je jouais avec lui, même pour les choses les plus difficiles comme Mozart – pour moi, c’est terrible, Mozart -, il pouvait me calmer, il avait quelque chose… Et on était tellement complices dans la musique ! » lance-t-elle.
« On se comprenait sans se parler, c‘était plutôt des choses sous-entendues, ajoute Martha Argerich. D’ailleurs, il ne parlait pas beaucoup, il ne parlait pas non plus avec l’orchestre : si vous avez assisté à ses répétitions, il ne parlait pas, il était là, avec les musiciens ; il disait tellement peu de choses ; il disait : « Non, non, non, comme ça », c‘était sa manière de parler, justement, » indique-t-il.
Lucas Macías Navarro : « L’amour, le goût du travail, le plaisir de jouer ensemble »
Claudio Abbado appréciait de travailler avec de jeunes musiciens : il leur consacra du temps et leur transmit son énergie et sa passion. Parmi tous ceux qui ont eu le privilège de jouer sous sa direction, Lucas Macías Navarro, hautbois solo au Lucerne Festival Orchestra. Il nous confie ce que le maestro lui a appris. « L’amour, la passion, le goût du travail, le sens du sacrifice, le plaisir de jouer de la musique ensemble, de s‘écouter les uns les autres, énumère le musicien. Ce sont des choses qui me reviennent en mémoire, en particulier quand on joue des oeuvres de Mahler : c’est comme un périple à travers tant de pièces musicales, tant de moments passés avec lui, quand on allait au restaurant ou quand on voyageait ensemble, je suis submergé par tant de sentiments et de souvenirs, » assure-t-il.
Martha Argerich renchérit : « Il me manque beaucoup et puis, il était comme un prince quand il dirigeait, c‘était quelque chose de tellement aristocratique. En même temps, il avait un tempérament de feu et ce quelque chose, c‘était extraordinaire ! » s’enthousiasme-t-elle.