Au moment de ce concert de 1971 à Paris avec Ahmad Jamal, le public français découvre un vrai trésor. S’il était « l'une des stars du jazz les plus connues » aux États-Unis, Jamal était alors relativement méconnu en France, comme l’affirme une voix off. « Imité par presque tous les pianistes modernes », son style est une synthèse plus habile que celle de « Bud Powell, Erroll Garner et Milt Buckner ». En effet, c'est dans de petits ensembles qu’il se fait un nom, travaillant pendant six décennies en tant que leader et sideman aux côtés d'artistes comme Stanley Turrentine, Yusef Lateef et Ray Brown. Ici, il est rejoint par Frank Gant à la batterie / percussions et Jamil Nasser à la contrebasse, deux artistes avec lesquels il a collaboré dans la seconde moitié des années 1960.
Jamal a rejoint la sphère du jazz dans la lignée de légendes du swing comme Dizzy Gillespie et Charlie Parker. À l’époque, les musiciens jouent avec une rapidité aveuglante, et pour contrebalancer ce rythme effréné, il se concentre sur l'espace, le toucher et les subtils changements de tempo, devenant un pionnier du « cool jazz » dans les années 50. Son influence sur Miles Davis est bien connue, et bien que l'histoire ne lui ait jamais accordé le statut de star grand public, il est aimé des musiciens, comme le montre cette déclaration du poète et critique musical A.B. Spellman : « Personne, à l'exception de Monk, n'a mieux utilisé l'espace (…) Avec un style tiré à la fois du jazz contemporain et de la musique classique, Jamal a ouvert la voie à de futurs vedettes comme Bill Evans, Herbie Hancock et McCoy Tyner. »