Au cours de ce concert à Luxembourg, le batteur Tony Allen déploie un ton précis, irréprochable et langoureux, en multipliant les rythmes grooves qui mêlent principalement le funk, la soul et la danse. Ce musicien de génie, avide de s’émanciper d’un héritage nigérian important qui s’est révélé être autant un cadeau qu’un poison, échange au cours de sa carrière son Lagos natif contre l’Europe et crée l’afrobeat avec son mentor et ami Fela Kuti. Nous avons ici le droit à un condensé de ses dernières compositions, avec Afrobeat Express (1989), Black Voices (1999), Secret Agent (2009) et Home Cooking, qu’il enregistre avec Damon Albarn en 2002.
Fortement influencé par Fela Kuti, il se décide au cours de son parcours à trouver une nouvelle inspiration musicale. Le batteur vétéran, au touché et au rythme profonds, peut-être le plus génial « parmi les vivants » selon Brian Eno, finit donc par s’installer à Paris pour y renouveler ses influences. Il se fait dans la capitale une nouvelle peau auprès de Ray Lema, Manu Dibango, Charlotte Gainsbourg, Oumou Sangaré, Flea (Red Hot Chilli Peppers) et Damon Albarn, de Blur et Gorillaz. Allen meurt tristement en 2020, après avoir laissé une marque indélébile dans le paysage rythmique moderne.
