Son impressionnante maîtrise technique, la beauté de son art dramatique qu'elle développa dans une grâce et une souplesse éblouissante, son élégance et la légèreté de ses sauts firent le style unique de Maïa Plissetskaïa qui marqua l'art du ballet du XXe siècle.
Prima ballerina assoluta du Bolchoï, danseuse, directrice de ballet et chorégraphe hors-pair, Maïa Plissetskaïa était l'une des plus grandes étoiles de l'ex-URSS, une légende du ballet du XXe siècle admirée aux quatre coins du monde. De ses débuts au Bolchoï à l'âge de 11 ans dans La Belle au bois dormant à sa dernière apparition en qualité de ballerine à l'âge de 70 ans dans Ave Maya, un ballet que lui dédia Maurice Béjart, Maïa Plissetskaïa mena une carrière exceptionnelle.
Née en 1925 au cœur du contexte de l'après-révolution bolchévique, Maïa Plissetskaïa est séparée très jeune de ses parents – son père fut exécuté sous les ordres de Staline en 1938 et sa mère, considérée comme « ennemie du peuple », fut déportée au Kazakhstan durant de nombreuses années. C'est sous la tutelle de son oncle Assaf Messerer, maître de ballet attitré du Bolchoï, qu'elle reçoit ses premières leçons de danse. À l'école du ballet du Bolchoï où elle entre en 1934, elle suit les cours de Pavel Gerdt et Maria Leonteva, puis est diplômée de la Moscow Choreography School en 1943. Elle entre ensuite dans la compagnie de ballet du Bolchoï où elle se produira jusqu'en 1990.
Après ses débuts dans Les Sylphides en 1943, ses plus grands rôles seront Masha dans Casse-Noisette, Myrtha dans Giselle, Raymonda en 1945 dans le ballet éponyme d'Alexandre Glazounov, Odette-Odile dans Le Lac des cygnes à partir de 1947 qui connaîtra un triomphe et dont elle donnera plus de 800 représentations dans le monde entier, Zarema dans La Fontaine de Bakhtchisaraï, le rôle-titre dans Laurencia de Chabukiani, Aurore dans La Belle au Bois Dormant, Juliette dans Roméo et Juliette, Phrygia dans Spartacus de Khatchatourian et Anna Karénine dont elle fit la chorégraphie et interpréta le rôle-titre.
Maïa Plissetskaïa fut nommée étoile du Bolchoï en 1960 puis en 1962 prima ballerina assoluta, titre rare dévolu aux plus grands danseurs de leur génération. Avec Galina Ulanova à qui elle succéda au Bolchoï, elles furent les deux seules ballerines soviétiques à avoir été honorées de ce titre. Elle contribua à faire découvrir le répertoire de ballet moderne en introduisant notamment des chorégraphies de Roland Petit et Maurice Béjart.
Durant la Guerre Froide, les tournées du Bolchoï la rendirent célèbre dans le monde entier, lorsqu'elle fut enfin autorisée à quitter le territoire. Paradoxalement, elle fut utilisée par le gouvernement soviétique comme ambassadrice culturelle à l'étranger alors qu'en URSS elle devait faire face à l'oppression constante du gouvernement pour son étiquette de « fille d'un ennemi du peuple ».
Maïa Plissetskaïa laisse au ballet un héritage remarquable pour la haute technicité de son art et sa présence dramatique brillante. Elle reste un modèle pour les danseurs et les chorégraphes du monde entier et fut qualifiée par Maurice Béjart lui-même de « dernière légende vivante de la danse ».