En 1989, il prendra la succession du grand Herbert von Karajan à la tête de la prestigieuse phalange, poste qu’il conservera jusqu’en 2002. Avec les musiciens berlinois, il enregistre pour la seconde fois l’intégrale des symphonies de Beethoven (Deutsche Grammophon, 2000) puis la donne en concert à l’Académie Sainte Cécile de Rome du 5 janvier au 15 février 2001. C’est cette série mémorable qui a été filmée à Rome, à l’exception de la Symphonie n° 9, captée, elle, à Berlin.
Le monument beethovenien
Ce monument auquel est tant attaché Claudio Abbado, Beethoven l’a bâti en moins d’un quart de siècle, de 1799 à 1823 : il écrit sa Symphonie n° 1 à 30 ans, sa Neuvième à 54. Avec Beethoven s’éteint l’ère des symphonistes qui composaient, tel Haydn, jusqu’à une centaine de symphonies. Dorénavant les musiciens livreront une dizaine de symphonies, chacune étant parée de sa propre personnalité.
Ce monument, s’il est imposant, est familier : les symphonies de Ludwig van Beethoven représentent dans la musique occidentale ce qui parle le plus immédiatement au public le plus large. Pour cette raison, elles ont été largement utilisées à des fins politiques (l’Ode à la joie de la Neuvième est l’hymne officiel européen), commerciales (la publicité) ou cinématographiques (Orange mécanique de Stanley Kubrick, entre autres).
Symboles de liberté, actes d’indépendance, elles représentent un formidable pari sur la dignité de l’homme, qui, en retour, se reconnaît en chacune d’elles. C’est ainsi qu’Abbado dirige ces œuvres, avec une majesté qui préfère le sublime à l’émotion immédiate. Et grâce aux sonorités inouïes qu'il tire de l’Orchestre philharmonique de Berlin, la beauté devient une victoire de l’homme.