Chopin. Un nom emblématique, comme une madeleine de Proust. Car c'est bien souvent à travers l'œuvre du compositeur que les mélomanes ont appris à aimer, si ce n'est la musique toute entière, au moins la musique pour piano. Nous avons ici sélectionné les meilleurs interprètes de l'œuvre du compositeur franco-polonais.
Evgeny Kissin, le prodige qui jouait les concertos de Chopin dès son plus jeune âge ; Martha Argerich, dont le nom a bouleversé la planète musicale en 1965 quand elle gagnait le prestigieux Concours International Frédéric Chopin ; Garrick Ohlsson, autre éminent lauréat du Concours Chopin ; Daniel Barenboim, véritable titan du piano ; Murray Perahia, Arthur Rubinstein, Maurizio Pollini, Vladimir Ashkenazy, Artur Papazian, Van Cliburn, et bien sûr, Daniil Trifonov et Jan Lisiecki, deux jeunes talents, véritables espoirs du piano, deux artistes qui ont déjà largement intégré l'œuvre de Chopin à leur répertoire, comme le démontrent les deux programmes présentés ici et enregistrés au Verbier Festival en 2013.
L'œuvre de Chopin, si elle est presque intégralement dédiée au piano – l'instrument-roi de l'ère Romantique – est protéiforme. Elle est élégante et rappelle l'atmosphère des salons parisiens du début du dix-neuvième siècle. Elle est passionnée et tourmentée, comme dans ces Nocturnes souvent bipolaires, et dont la paix se voit largement troublée par des épisodes tumultueux. Elle est brillante et dansante, et porte la polonaise, la mazurka, la ballade et la valse aux nues du répertoire. Elle est mélodieuse et entêtante. Elle est parfois mélancolique, comme ces préludes écrits à Majorque lors d'un séjour avec George Sand. Elle se souvient de ses racines polonaises, dont elle intègre de temps à autres des accords populaires. Elle est virtuose aussi, sans en avoir l'air, souvent à cause d'une main gauche particulièrement exigeante.
Pour toutes ces raisons, Chopin est un compositeur dont bon nombre de pianistes ont fait leur spécialité. C'est le cas de la plupart des interprètes que nous vous proposons de réentendre aujourd'hui. Dans son récital légendaire au Royal Albert Hall, Evgeny Kissin provoquait l'hilarité en annonçant un quatrième bis Chopin. C'est qu'au delà d'une prédilection, Chopin est bien souvent l'objet d'une histoire d'amour avec ses pianistes.
