Amateurs et amatrices de Mozart, n’avez vous jamais remarqué ? Sous la plume du compositeur, les tessitures masculines se multiplient, distinguant le père – baryton – du fils – ténor – tandis qu’une unique tessiture féminine semble se partager tous les rôles : de la jeune fille à la mère, de l’épouse à la servante, c’est la soprane qui prédomine ! Comme une volonté pour le compositeur de matérialiser les carcans, et d’humaniser les laissées-pour-compte. De l’intelligence rusée de Rosina (La Finta Semplice) et Susanna (Les Noces de Figaro), à la volonté inébranlable de Donna Anna (Don Giovanni) et Konstanze (L'Enlèvement au sérail) : les femmes sont des figures fortes de l'œuvre mozartienne. Sans doute une façon pour ce dernier d'honorer sa mère, et de rendre justice à sa grande sœur adorée – la musicienne et compositrice prodige Maria Anna – que la contrainte d’un mariage arrangé a privé de tout espoir de pouvoir un jour laisser voir au monde, elle aussi, l’étendue de son génie…