Dans l'ultime symphonie achevée de Gustav Mahler, Claudio Abbado déploie tout son art.
Plus qu'un goût ou une affinité, Gustav Mahler est au centre de la vie de musicien de Claudio Abbado. Ce chef « italianissime », né à Milan en 1933, qui a été pendant plus de quinze ans directeur de la Scala, s'est formé à Vienne auprès de Hans Swarowsky, et la culture de l'Europe centrale lui est extrêmement familière. C'est avec la Deuxième Symphonie de Mahler qu'il choisit de faire ses débuts, à trente-deux ans, devant les Wiener Philharmoniker. L'orchestre de jeunes qu'il a fondé en 1986 porte le nom de Gustav Mahler. Par la suite, Abbado n'a cessé d'exhaler la complexe beauté des symphonies du compositeur viennois sur toutes les scènes du monde.
Ce soir d'avril 2004 à l'Accademia Nazionale di Santa Cecilia de Rome, c'est justement l'Orchestre des Jeunes Gustav Mahler qu'il dirige dans l'ultime symphonie achevée de Mahler, la neuvième. Composée en 1909, elle est créée en 1912 par Bruno Walter, qui était un proche ami du compositeur et qu'Abbado a entendu diriger à Vienne…
Dans ce chef-d'œuvre absolu de la littérature symphonique, Claudio Abbado, faisant corps avec son orchestre, livre une version bouleversante, qui s'élève comme la plus belle des prières. Une fois que les dernières notes se sont évanouies comme dans un songe, le temps paraît figé, la réalité abolie : un long moment se passe avant qu'un applaudissement ne vienne troubler ce moment de grâce offert par un chef transfiguré par la portée de l'œuvre.
