Une même exigence d'excellence, une même intelligence de la musique : deux monstres sacrés à l'orée de leur carrière.
Les voilà réunis dans le même film : Christa Ludwig et Dietrich Fischer-Dieskau. Les deux chanteurs allemands ont poussé l'art du lied à un degré d'excellence jamais atteint, et qui n'est pas près de l'être à nouveau depuis qu'ils ont quitté la scène, la même année, en 1993. Cette quête de la perfection dans le lied ne les a pas empêchés de mener aussi une carrière immense à l'opéra.
Mozartienne et straussienne de légende sur les planches, la mezzo-soprano Christa Ludwig est aussi exemplaire de musicalité et d'intelligence dans le lied. Pour sa première apparition, en 1962 dans l'émission Celebrity Recital proposée par le pianiste Gerald Moore à la BBC, Christa Ludwig, accompagnée au piano par Moore lui-même, donne un récital de lieder de Brahms, Schubert, Wolf et Strauss où elle livre toutes les facettes de son art : jamais prise en défaut d'absence de réflexion ni de culture, elle fait oublier son immense savoir par une simplicité et une spontanéité qui sont toujours les siennes aujourd'hui. Elle n'a pas changé, c'est une grande.
Comme Christa Ludwig, Dietrich Fischer-Dieskau a croisé le chemin et les doigts de Gérald Moore dans cette même émission. C'est ainsi qu'en 1959, le baryton, déjà célèbre depuis son premier enregistrement du Voyage d'Hiver de Schubert en 1947, fait ses premiers pas derrière le petit écran. Ce chanteur pétri de littérature allemande, animé par une exigence qui n'est pas près non plus d'être égalée, a gravé l'intégrale des lieder de Schubert et a chanté près de trois mille lieder d'une centaine de compositeurs différents. Ce qui paraît à peine croyable quand on sait qu'il chantait aussi sans cesse à l'opéra où il a incarné un Wotan, un Falstaff ou un Wozzeck inoubliables !
Nous le retrouvons dans des lieder de Schubert, avec sa musicalité parfaite, son intonation juste et précise, son sens du texte et son intelligence prodigieuse, puis dans Les Chants d'un Compagnon Errant de Mahler où il peut déployer tout le spectre de son art fascinant. C'est un grand.
Archives :
- "Celebrity Recital", archive BBC réalisée par Charles Beardsall, 1962.
- "Dietrich Fischer-Dieskau", archive BBC réalisée par Walter Todds, 1959.
- "Concert de gala : l'orchestre symphonique de la radio japonaise", archive INA réalisée par Denise Billon, 1960.
