À première vue, les œuvres de Moussorgski et d'Elgar peuvent sembler très éloignées ; peu de points communs entre les accents russes de Moussorgski et la musique éclatante d'Elgar. Il est pourtant intéressant d'associer ces deux compositeurs autodidactes.
Comment décrire Tableaux d'une exposition de Moussorgski ? Au début de l'année 1874, une exposition de dessins fut organisée en la mémoire de Viktor Hartmann, architecte et ami de Moussorgski. Inspiré par l'exposition, le compositeur proposa une œuvre où les visions alternaient avec les motifs picturaux imaginés par Hartmann. « Les sons et les idées sont suspendus dans l'air, j'en absorbe jusqu'à m'en gaver, et j'ai à peine le temps de les coucher sur papier. », confia Moussorgski. Juxtaposant de nombreux thèmes, reliés entre eux par le célèbre motif de la « Promenade », Tableaux d'une exposition est un ouvrage d'ampleur considérable. Composé à l'origine pour piano, Ravel en proposa une version orchestrale superbe.
Vingt-cinq ans plus tard, en 1899, c'est Elgar qui composa son œuvre la plus célèbre : Variations Enigma. Dédiant chacune de ses variations, à un ami ou un parent (par le biais d'initiales ou de pseudonymes), l'œuvre s'adressait « à mes amis qui s'y trouvent portraiturés ». Chaque variation est un portrait musical. Leur thème ne va pas sans rappeler des airs très connus ; est-ce l'hymne britannique God Save the Queen, ou encore Auld Lang Syne transposée en mode mineur, ou encore Prague de Mozart ? Le compositeur n'a jamais confirmé ces rumeurs !
Yuri Temirkanov, accompagné de l'Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg qu'il dirige depuis 1988, propose de rendre avec raffinement et subtilité le mystère de ces œuvres.