L'Otello que Gioachino Rossini présenta au Teatro del Fondo de Naples en 1816 n'entretient que des liens très discutables avec la célèbre tragédie de Shakespeare. Le libretto rédigé par Francesco Berio est en fait bien plus inspiré d'une autre pièce, créée à Naples en 1813 : Otello du Baron Carlo Cosenza. Dans ce drame, la figure de Iago recule derrière l'inimitié avouée entre le Maure déjà secrètement marié, et Rodrigo, dont l'amour pour Desdémone n'est à aucun moment satisfait. Le motif du mouchoir est remplacé par celui d'une lettre d'amour, que le véritable destinataire, Otello, croit adressée à un rival. Elmiro, le père de Desdémone, est quant à lui un opposant politique du Maure.
Malgré les critiques prévisibles que lui ont valu ces modifications, l'œuvre a rétribué Rossini d'un succès qui a perduré dans tous les grands théâtres internationaux... jusqu'à la création de l'opéra éponyme de Verdi en 1887. Aujourd'hui, l'Otello de Rossini est très rarement joué. Après tout, la partition nécessite que trois ténors exceptionnels l'exécutent – pour des rôles ici confiés à John Osborn, Javier Camarena et Edgardo Rocha. La nouvelle production de l'opéra de Zurich, dirigée par Moshe Leiser et Patrice Caurier, a confié le rôle de Desdémone à la grande mezzo-soprano Cecilia Bartoli, dont la prise de rôle est ardemment attendue. La direction musicale revient quant à elle à Muhai Tang.
Cecilia Bartoli apparaît avec l'aimable autorisation de Decca.
