Robert Schumann, la référence pour tous les musiciens de la « génération 1810 », n’a pratiquement jamais quitté l’Allemagne où il a rayonné par ses écrits critiques et ses compositions musicales. Enfant aux dispositions exceptionnelles, il écrit des romans, récits et poèmes à l’âge de 12 ans. Son père, libraire, lui donne le gout de la littérature et lui fait découvrir des poètes, tels Jean-Paul Richter ou E.T. A. Hoffmann, qui ne quitteront jamais son univers.
Schumann, le musicien et la folie
Remarquable pianiste, Robert Schumann se tourne rapidement vers la composition et donne un opus 1, les Variations Abegg pour piano alors qu’il n’a que 19 ans. Il impose ainsi son style musical fait de miniatures ou de fragments hallucinés et visionnaires par leurs originalités rythmiques et harmoniques. Il est bien difficile, chez Schumann, de distinguer vie artistique et vie sentimentale, tant son union – d’abord contrariée – avec Clara Wieck, brillante virtuose et compositrice, domine tous les aspects de son existence, jusqu’au silence que lui imposera la maladie qui le mène à la mort. En 1854, sous l’emprise d’une folie de plus en plus présente, Schumann se jette dans le Rhin après avoir composé des pages énigmatiques comme les Chants de l’Aube. Sauvé par des pêcheurs, il passe les dernières années de sa vie dans un hôpital psychiatrique.
Sa musique, l’une des plus originales et des plus complexes de sa génération, a forcé l’admiration de Franz Liszt, Felix Mendelssohn ou Johannes Brahms qui sera son disciple. Toujours inspirées par l’univers littéraire, ses œuvres développent un système de codes musicaux qui permettent des dédicaces secrètes à la bien-aimée Clara. Tourmentée, souvent composée dans l’urgence, la musique de Robert Schumann est un carnaval de rythmes et couleurs où les doubles inventés (Florestan et Eusébius) – entre folie et sagesse – dansent au-delà du bonheur et de la mort.