Franz Liszt – pianiste, compositeur, chef-d’orchestre, dandy, intellectuel ou Abbé – a fasciné l’Europe du XIXème siècle. Enfant prodige, il suit les cours de Czerny et Salieri à Vienne. Célèbre dès ses quinze ans comme virtuose, il révolutionne la technique de l’instrument et impose le récital pour piano seul en parcourant le monde avec ses transcriptions d’opéra, ses Années de Pèlerinage ou ses Rhapsodies hongroises. Avant 1830, entre Allemagne, Suisse, Angleterre ou France, Liszt est connu et admiré dans toute l’Europe.
Comme compositeur, il ouvre de nouvelles voies et souhaite, selon ses mots : « lancer un javelot dans les espaces indéfinis de l’avenir ». Moderne et révolutionnaire, l’aventurier de la musique intègre à son langage ses nombreux voyages, les musiques populaires ou les trouvailles de ses contemporains. Entre transcendance digitale et dénuement spirituel, l'œuvre de Franz Liszt est à l’image de sa générosité.
L'abbé Franz Liszt
Pendant plus de dix, à Weimar ou il est maître de chapelle à partir de 1848, Franz Liszt sera un inlassable créateur et défenseur de ses contemporains, tels Richard Wagner, Hector Berlioz ou Camille Saint-Saëns. Après une vie sentimentale agitée et passionnée, il se retire en 1865 à Rome pour recevoir la tonsure auprès des frères franciscains. De l’effervescence des estrades, des conquêtes (sentimentales) et des voyages, le tzigane échevelé est devenu abbé mystique. Ses Rhapsodies et Paraphrases se transfigurent en Nuages gris ou Gondoles lugubres.
En quête de dépouillement total, son langage, après les années 1870, se caractérise par la perte ou l’éloignement de la tonalité, l’épuisement du matériau thématique et l’austérité ascétique. Pour ouvrir les portes de l’avenir, Franz Liszt resserre les possibles. Sa musique devient lambeau, Bagatelle sans tonalité ou Via Crucis sont les témoins de ce dernier soupir musical dans l’espoir d’approcher de nouveaux horizons, vers l’au-delà.